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Type de textesource
Titre\"L’union de l’Art et de la nature\", conférence lue à l\'Académie royale de peinture et de sculpture le 4 juillet et le 1er août 1671
AuteursAnguier, Michel
Date de rédaction1671/07/04; 1671/08/01
Date de publication originale
Titre traduit
Auteurs de la traduction
Date de traduction
Date d'édition moderne ou de réédition2006
Editeur moderneLichstentein, Jacqueline; Michel, Christian
Date de reprint

, p. 416

Il est certain que les plus excellents sculpteurs du monde n’ont jamais prétendu qu’une figure d’homme, de pierre, marbre ou or, fut un homme en sa nature, si ce n’est le peuple grossier et ignorant qui adorait les images des faux dieux de Jupiter, Mars, Mercure et autres comme si ces simulacres eussent été véritablement des dieux. Mais on peut dire que Dieu ayant fait l’homme à son image et ressemblance de sa nature, il lui a donné une intelligence capable d’imiter tous les ouvrages de la nature par la sculpture et la peinture, et d’une manière si excellente qu’en voyant les images il semble qu’on voie la nature des choses mêmes. De là vient que ce fameux peintre Zeuxis trompait les oiseaux qui venaient becqueter les fruits qu’il avait peints, et que Parrhasius avait peint un rideau si naturel que Zeuxis voulait le tirer pour voir ce qui était caché et peint dessous. Mais ce qui est de plus surprenant est que cet admirable sculpteur Pygmalion devint lui-même amoureux de son ouvrage comme si c’eût été une personne vivante et naturelle, tant cet art était venu chez les Anciens au dernier point de sa perfection qu’ils représentaient les choses comme vivantes, ainsi que les auteurs rapportent des statues de Dédale qui semblaient parler, voir et marcher tant elles avaient de ressemblance au naturel. C’est à quoi doivent principalement travailler les sculpteurs et les peintres, à rechercher très soigneusement dans leurs ouvrages la nature même.

Dans :Zeuxis et Parrhasios : les raisins et le rideau(Lien)